Ou quand l’image supplante le texte.
Alors que durant les années 1960 et 1970, la théorie littéraire faisait du texte une entité autonome mais surtout un principe de lisibilité : tout se lisait comme un texte, même le cinéma et la photographie, cela est révolu. Effectivement, de nos jours c’est l’image qui conditionne tout.
Nous sommes dans l’ère du « culte de l’image », permise par les avancées technologiques qui encouragent la production et la diffusion en masse d’image. En raison de l’influence remarquable de l’audio-visuel dans la vie moderne, les sociétés et en particulier les sociétés occidentales ont tendance à accorder une primauté de l’image dans le domaine de la communication.
Celles-ci ont un pouvoir de démonstration, elles peuvent faire passer des idées mais aussi persuader : elles performent. Cela signifie qu’elles jouent avec ses spectateurs, elles les trompent, les émeuvent, les séduisent ou les choquent…
En effet, selon Tom Mitchell dans son article : « what do pictures really want ? », une grande partie des images auraient le désir »d’exercer une domination sur le regardeur, de le séduire, le fasciner… » comme le prouve cette image :
En plus d’avoir un pouvoir sur son spectateur, l’image possède un rôle explicatif que nous pouvons par exemple retrouver dans la presse. Les photos et les images, qui occupent de plus en plus de place dans l’espace rédactionnel (parfois presque autant que le texte) complètent le discours écrit.
Elles jouent un rôle illustratif : les images authentifient l’information donnée par le texte, ce sont en quelque sorte des preuves, des gages de véracité du message. De plus, ces illustrations ont une fonction explicative comme dans les revues scientifiques :
Les images rendent plus compréhensible un texte parfois obscur, elles permettent parfois au lecteur de mieux saisir un concept, une information que ne le fait le texte lui-même.
Cette fonction d’explication a été théorisée au V° siècle par le pape Grégoire le Grand puisqu’il définissait le rôle de l’image chrétienne de cette façon : « l’écriture des illettrées ». Cela signifie que l’image servait à enseigner et à expliquer la religion à ceux qui ne savaient pas lire.
»Visual culture »
Ce champs d’étude se consacre aux aspects de la culture s’appuyant sur les images visuelles, chevauchant parfois les études sur le cinéma, la publicité, la BD mais aussi les théories queer, sur le gender ou la psychanalyse. Apparue aux USA depuis quarante ans, le concept de visual culture est tiré de l’ouvrage de Michael Baxandall, Painting and experience in the fiftheenth century in Italy. Effectivement, l’auteur s’attache à y démontrer que dans la société Italienne de l’époque, les facteurs sociaux et les expériences de la vie quotidienne favorisaient la constitution de disposition et d’habitudes visuelles caractéristiques qui se traduisaient par la production d’image.
Finalement, la théorie du visual culture concerne l’étude de tout ce qui est socialement et culturellement conçu et construit pour être vu.
Images et Discours 