» La poésie est une peinture parlante et la peinture est une poésie muette » aphorisme de Simonide de Cléos.
» Ut pictura poesis », la poésie comme la peinture. Cette citation d’Horace tirée d’Art Poétique, contribue à donner une comparaison entre la poésie et la peinture, the sister art en anglais (les arts sœurs puisque la peinture et la poésie sont à la fois aussi proches et dissemblables que peuvent l’être deux sœurs).
Alors que de nos jours, écrire et peindre sont deux modes d’expression séparés, ces deux arts possèdent une profonde analogie : tandis que la peinture représente les objets, la poésie raconte des événements.
Il est intéressant de remarquer que la référence à la peinture est régulièrement présente dans la littérature. Effectivement, de nombreux termes métaphoriques utilisés sont liés aux arts visuels :
- pictural
- figure de style (qui lie ensemble le langage et les schémas mentaux pour en avoir une perception visuelle)
- cadres
- pittoresque
- chiasme
- blanc
- texture
- image
- peinture (par exemple la peinture de la société bourgeoise chez Balzac)
- l’hypotypose ( du grec »tableau, modèle » et de » dessiner, peindre », c’est selon Fontanier « la peinture des choses d’une manière si vive et si énergique, qu’elle les met en quelque sorte sous les yeux et fait d’un récit ou d’une description, une image, un tableau ou même une scène vivante »1)
- l’ekphrasis (la description d’une œuvre d’art)
La description serait en littérature ce qui se rapproche le plus d’un tableau. En effet, selon la définition de Fontanier, la description consiste « à exposer un objet aux yeux et à le faire connaître par le détail de toute les circonstances les plus intéressantes »2.
De plus, le terme de tableau est aussi emprunté par la littérature qui le transpose alors en une description des passions, des actions, des événements ou des phénomènes physiques ou moraux. Enfin, comme le dit Barthes, « toute description littéraire est vue », ce qui dénote une fois encore la relation entre la peinture et la littérature. Ce qui nous renvoie à la citation d’Horace.
La notion d’ut pictura poesis a été reprise par de nombreux artistes de la Renaissance qui l’érigeront en principe rigide d’esthétique. Cependant, certains de ces artistes feront une inversion du sens premier de la citation : c’est le tableau qui est comme un poème et non plus le poème qui est comme un tableau.
Cette formule a été reprise par les peintres de la Renaissance à leur avantage comme ce fut le cas pour Léonard de Vinci comme le prouve ce texte : « et si toi poète, tu peins une histoire avec ta plume, le peintre la figure avec le pinceau, de manière plus satisfaisante et moins ennuyeuse à comprendre.
Appelles-tu la peinture »poésie muette », le peintre peut qualifier de »peinture aveugle » l’art du poète. Considère alors quelle affliction est plus grande, d’être aveugle ou muet. [Les fictions du poète] n’arrivent point à satisfaire l’humanité autant que les peintres, car si la poésie essaye de représenter les formes, actions et scènes avec des mots, le peintre emploie, pour les figurer, les images exactes de ces formes.
Assurément, la peinture, de beaucoup plus utile et plus belle,donnera un plaisir supérieur ». Cette citation nous montre que les peintres ont revendiqué et clamé la supériorité en matière de représentation de la peinture sur la poésie.
Finalement, selon le site internet indixa.net, aux XVII° et XVIII° siècle, la peinture et la poésie ne peuvent »suivre leur propre but ». Un poète est jugé d’après les tableaux qu’on peut tirer de son œuvre et un tableau n’est acceptable que s’il suit fidèlement un texte ».
Images et Discours 