Littérature et Gravure

Nous allons maintenant nous pencher sur cette tradition littéraire où l’image (dans notre cas la gravure) est conçue comme une illustration dont le sens serait tributaire du texte : l’image est insérée dans le texte littéraire.

Pour illustrer notre propos , nous analyserons les rapports entre gravure et littérature à travers l’exemple d’un poème du XVII° siècle, Andromède de Pierre Le Moyne.

Les XVII° et XVIII° siècles ont vu la domination de livres frontispices (un frontispice est une illustration, placée, dans un livre, sur l’une des pages de titre) ou accompagnés de grands recueils de planches hors texte.

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Légende : un frontispice.

Dans la mythologie grecque, Andromède, princesse éthiopienne fille du roi Céphée, est victime de l’orgueil de sa mère Cassiopée. Condamnée à être dévorée par un monstre marin, elle exposée nue sur un rocher jusqu’à ce que Persée la sauve et en fasse son épouse.

Dans le poème accompagné d’une gravure de Pierre Le Moyne intitulé « Andromède. Peinture deuxième où la crainte, le désespoir et la tristesse sont représentées », les vers et la gravure n’entretiennent pas des rapports de rivalité comme on pourrait le penser.

En effet, les vers adoptent une position descriptive mais qui n’a pas à être précise puisque la gravure est présente. Nous pouvons voir un rapport de complémentarité puisque la gravure illustre les vers du poème.
Par exemple, quand les vers nous disent : « cependant le Dragon s’approche d’Andromède », la gravure nous montre ledit dragon en train d’approcher.

Il en a de même dans les vers « auprès d’elle l’Amour, tremblant et sans couleur » puisque la gravure représente l’Amour en tant que petit chérubin au coté d’Andromède ; ou encore dans les vers « dans la crainte qu’elle a de ce dernier malheur, son teint noir comme il est, a pris une pâleur qu’on pourrait comparer à celle de la lune », Andromède est peinte comme une femme à la peau blanche dans la gravure d’Erante qui accompagne le poème.

Les vers invitent donc le lecteur à regarder la gravure tout comme la gravure convie son spectateur à lire le poème.

Finalement, les deux arts, gravure et poésie, concourent plutôt qu’ils ne se doublent : ils entretiennent un rapport d’analogie (rapport existant entre des choses ou entre des personnes qui présentent des caractères communs ; ressemblance, similitude). Le poème et la gravure sont en harmonie.

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légende : gravure d’Erante, ami de Pierre Le Moyne, accompagnant le poème Andromède dans l’édition originale des Peintures morales de 1640.

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